Le chiffre : l’audiovisuel en France émet autant que 4 millions de voitures
Le numérique pollue. Depuis plusieurs longues années maintenant, de nombreux rapports soulignent le poids de cette industrie dans notre empreinte carbone. Et si des chiffres assez complets existaient déjà sur l’empreinte carbone de la fabrication des smartphones ou la consommation des box internet, on en sait maintenant un peu plus sur nos activités audiovisuelles.
5,6 millions de tonnes de CO2
Menée par l’Arcep et l’Arcom, respectivement gendarme indépendant des réseaux et de l’audiovisuel, une étude s’intéresse autant à la télévision et la radio classique (en “linéaire” selon le vocabulaire technique) qu’aux plateformes de streaming, partage de vidéo ou TV à la demande. Cet amalgame d’usages, de produits et de fibre optique pèserait aujourd’hui pour 2,9 % de la consommation électrique de la France, soit 13 TWh. En équivalent carbone, cela représente donc 0,9 % de l’empreinte du pays.
Si le volume peut paraître raisonnable, ces 5,6 millions de tonnes d’équivalent CO2 représentent à eux seuls un tiers de l’empreinte carbone totale du numérique, soit l’impact d’un parc de 4 millions de véhicules particuliers.
Pire encore, comme le note l’Arcep, “sans action pour limiter la croissance de l’impact environnemental des usages audiovisuels, leur empreinte carbone pourrait augmenter de 30 % d’ici 2030”. Dit autrement, si la tendance actuelle persiste, l’audiovisuel, ses moyens de diffusions et ses appareils de consultation pourraient représenter 7 millions de tonnes de CO2 dans six ans, soit autant que l’industrie de raffinage du pétrole en 2022.
La télé, grande pollueuse
À noter que ces chiffres recouvrent des réalités très complexes et différentes selon les modes de consommation. La télévision linéaire, par exemple, représente 48 % du temps passé, mais 65 % de l’impact, tandis que la radio hertzienne concentre 19 % du temps passé pour 10 % de l’impact.
Sans surprise, ce qui concentre le plus de kilos de CO2 dans toute la chaîne est la construction du matériel nécessaire à la consultation des contenus audiovisuels. Comme le note l’Arcep, “les terminaux, en particulier les téléviseurs, sont les premiers contributeurs aux impacts environnementaux des usages audiovisuels”. Selon l’indicateur choisi, la fabrication d’un TV peut représenter 72 à 90 % de l’impact environnemental de l’industrie. Viennent ensuite les réseaux (entre 9 et 26 %) et les centres de données (entre 1 et 3 %).
Des solutions à mettre en place
Forts de ce constat, l’Arcep et l’Arcom imaginent des scénarios “écoconception” et “sobriété” pour 2030, qui s’articulent à chaque fois autour de l’accroissement de la durabilité et la réparabilité des terminaux. L’occasion, le reconditionné et le don ont aussi droit à leurs petites mentions parmi les bonnes pratiques à mettre en place, au même titre que la prise en compte de l’indice de réparabilité.
Les autorités indépendantes n’en oublient pas pour autant le reste de la chaîne avec des recommandations d’optimisation des flux pour en réduire le poids (avec l’utilisation de meilleur codec) ou un durcissement autour des stratégies de captation de l’attention (lecture automatique, captation de données à des fins publicitaires, etc.).
En effet, comme le note le rapport, “la publicité peut augmenter jusqu’à 25 % l’impact carbone du visionnage de contenus vidéo”. Cela concerne tout particulièrement la publicité dite programmatique, c’est-à-dire les encarts mis aux enchères, servant souvent à la publicité ciblée. Cette pratique “engendre un impact lié aux nouvelles sollicitations réseaux et serveurs [puisque] le système d’enchères par impression va impliquer de nombreuses transactions de données en ligne entre différentes plateformes”, en plus d’alourdir les flux et allonger le temps de consultation.