Les Styles photographiques de l’iPhone 16 sont-ils la solution à nos problèmes de peau ?
Apple iPhone 16
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Apple iPhone 16 Pro
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Ni modification d’optique, ni capteur inédit : la nouveauté photo de la génération 16 des iPhone n’a rien de matériel. Elle est 100 % logicielle et concerne un élément trop peu souvent mis en avant, le rendu des sous-tons de peau. Pour tous les néophytes en cosmétique, sachez que ce terme est régulièrement utilisé dans le domaine du maquillage.
La fonctionnalité Styles photographiques s’appuie sur le fait que tous les types de carnation (skintones en anglais) ont des variantes appelées sous-tons (undertones), dont la nature conditionne le choix des fonds de teint, notamment. De nombreux sites expliquent comment déterminer votre sous-ton de peau, le plus souvent au niveau de poignets où l’épiderme est le plus fin. Le souci, c’est que selon son sous-ton, votre peau peut paraître photographiquement soit trop froide, soit trop chaude, voire mal exposée.
La promesse des Styles photographiques
À l’opposé des rendus des appareils photo classiques, comme les émulsions façon pellicule des boîtiers de Fujifilm, les Styles photographiques sont sélectifs et ne s’appliquent pas de manière homogène.
Selon Apple, ““les Styles photographiques […] aident les utilisateurs […] à personnaliser leurs photos en ajustant localement les couleurs, les tons clairs et les ombres en temps réel. De plus, ils distinguent mieux les sous-tons de peau, ce qui permet aux utilisateurs de personnaliser leur apparence sur les photos. Contrairement aux filtres, qui utilisent souvent une approche uniforme en ajoutant une couleur à l’ensemble d’une scène, les ajustements sont appliqués à des couleurs spécifiques au sein d’un style sélectionné […] Il est possible de prévisualiser les styles en direct, de les appliquer après la prise de la photo, ou même de les annuler par la suite”.
On retient que les Styles photographiques ont pour objectif d’améliorer notre apparence, comprendre ici le teint et l’exposition du visage. Ils ne sont pas appliqués uniformément, mais prennent en compte la nature des sujets photographiés. Ils sont mis à profit avant et après la prise de vue et peuvent être changés ou annulés de manière non destructrice, mais uniquement si vous shootez en HEIF et non en jpeg.
Les Styles photographiques sont au nombre de 15, mais seuls cinq sont dédiés aux sous-tons de peau : Rose froid, Neutre (qui atténue les sous-tons chauds), Or rose, Or et Ambre.
Apple avait perdu la maîtrise des couleurs
Apple s’est intéressé aux rendus des sous-tons de peau, car il n’a plus l’avantage dans ce domaine, notamment dans certaines régions stratégiques, comme le révèle le laboratoire français DXOMark, spécialiste de l’évaluation de la qualité d’image. “En 2023, notre grande étude DXOMark Insights réalisée en France montrait Apple largement en tête devant Samsung et Google en matière de qualité de rendu des portraits et tons chair. Puis notre étude réalisée en Inde en janvier 2024 plaçait le Samsung Galaxy S24 Ultra en premier. Et pour notre grande étude réalisée en Chine quelques mois avant l’annonce des nouveaux iPhone, Apple n’avait plus du tout le lead”, nous explique Hervé Macudzinski, directeur de la science de l’image chez DXOMark.
Apple iPhone 15 Pro Max
Prix de lancement 1479 €
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Samsung Galaxy S24 Ultra
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Menée sur 80 personnes âgées de 20 à 60 ans, l’étude comparait plusieurs terminaux : Apple iPhone 15 Pro Max, Honor Magic 6 Pro, Huawei Pura 70 Ultra, Oppo Find X7 Ultra, Samsung Galaxy S24 Ultra, Vivo X100 Pro et Xiaomi 14 Ultra. En guise de mètre étalon, un appareil photo hybride professionnel à capteur 24×36 mm.
Or l’étude a mis en lumière la relégation d’Apple dans le domaine des tons chair, n’étant plus que sixième au comparatif global derrière Huawei (Pura 70 Ultra), Vivo (X100 Pro), l’appareil photo professionnel, le Xiaomi 14 Ultra et le Samsung Galaxy S24 Ultra ! “Les constructeurs de terminaux Android ont désormais eux aussi une signature de couleur. Ils ont beaucoup progressé”, constate Hervé Macudzinski.
Une donne qui ne fait pas les affaires d’Apple, qui tire une partie substantielle de ses revenus de l’empire du Milieu. Lors de l’évaluation de son iPhone 15 Pro, la population chinoise a ainsi trouvé que le rendu des peaux était trop jaune, détaille Pierre-Yves Maître, responsable produit chez DXOMark et en charge des tests de caméras.
La nouvelle étude que publie DXOMark ce jour était plus limitée au niveau des participants, mais aussi circonscrite aux rendus des tons chair avec plusieurs objectifs avoués. “Le premier était de déterminer si les Styles photographiques permettent aux utilisateurs de mettre en œuvre le rendu qu’ils préfèrent. Puis nous avons cherché à déterminer si le paramétrage sélectionné est valable pour toutes les situations, où s’il y a de fortes variations selon les différentes conditions lumineuses. Il fallait aussi déterminer si les choix sont cohérents et constants. Finalement, la grande question est de savoir si le paramètre que l’on préfère pour notre peau est aussi celui que l’on préfère pour les carnations des autres sujets”, pose l’ingénieur.
En clair, Apple a-t-il repris la main sur les rendus des teintes de peau ? A-t-il mis au point une recette permettant à chacun de choisir le preset ultime, utilisable partout et sur tout le monde ?
Mise en place d’un protocole
Moins étendu que les longs Insights, le test de DXOMark a cependant fait l’objet d’une réflexion en amont et de la mise en place d’un protocole. Outre la planification et l’établissement de ce dernier, DXOMark a eu recours à une agence de modèles pour créer un échantillon représentatif, non seulement en France, mais aussi en Chine où le test a été dupliqué.
Cette duplication a permis de tester les filtres sur une plus grande variété de paramètres, de carnation d’une part, avec des intervenants à la peau claire, plus sombre ou noire, mais aussi une variété d’âges, autant pour ajouter à la difficulté que pour faire face à des goûts différents. Des goûts individuels qui ont en fait un impact énorme. “Si on étudie un groupe d’âge donné, par exemple, l’écart type entre les individus est plus grand que les différentes moyennes entre les autres groupes !“, explique Hervé Macudzinski. Cela signifie qu’il est impossible d’établir LE profil ultime, car nos variations de goûts entre individus sont trop importantes.
Pour représenter cette variété, DXOMark a fait appel à Paris à deux panels de cinq modèles, mobilisés chacun deux demi-journées. Une première demi-journée de shooting, où ils ont été non seulement shootés seuls, mais aussi avec des modèles dont les carnations diffèrent. Ici, outre le classique biais d’exposition que pose aux appareils le fait de photographier une peau noire et une peau blanche, est soulevé aussi et surtout le problème du virage colorimétrique des sous-tons.
Chaque figurant a vu la nature de sa couleur de peau très précisément mesurée par un spectrophotomètre (un Epson SD-10 pour les nerds). Mesure faite, plusieurs ateliers de prise de vues ont été réalisés, à la fois en extérieur et en intérieur. Cette journée de prises de vue passée, les modèles sont revenus quelques jours plus tard pour évaluer les images, pas uniquement en les notant, mais en les comparant et en explicitant les raisons des notations et éventuels rejets.
L’iPhone 16 Pro n’était pas seul, évidemment. En France, il a été comparé aux deux ténors du marché local que sont les Google Pixel 9 Pro et Samsung Galaxy S24 Ultra. En Chine, il a affronté le Huawei Pura 70 Pro et le Vivo X100 Pro.
Apple change d’état d’esprit et s’ouvre à la personnalisation
Par le passé, si Apple avait quelques filtres de rendus des couleurs (Contraste intense, Vif, Chaud et Froid), le gros du travail était réalisé pour offrir un mode standard capable de répondre aux goûts du plus grand nombre. Une approche qui ne suffit plus à l’heure où tout le monde prend désormais des photos et où les yeux sont plus affûtés que jamais. Apple s’ouvre donc à la personnalisation, ce qui est une très bonne chose pour Pierre-Yves Maître. “On constate beaucoup de différences de perception selon les générations et le profil des utilisateurs. Les photographes experts ont ainsi une vision très différente du grand public, note l’ingénieur. La fonction d’Apple est donc, sur le papier, très intéressante.”
Si nous ne pouvons vous dévoiler la totalité du contenu du rapport complet de DXOMark — qui ne sera accessible qu’aux industriels —, nous avons cependant pu en extraire quelques diapositives et profiter des conclusions.
La plus importante est que la fonctionnalité “semble répondre aux besoins de personnalisation, car elle a un vrai impact sur le rendu, en le rendant acceptable pour l’ensemble des utilisateurs, donc sans tomber dans un aspect gadget comme certains filtres sur les apps des réseaux sociaux”, nous relate Pierre-Yves Maître.
Ensuite, Apple semble avoir réussi à reprendre l’avantage, puisque “sur le petit échantillon du test, les quatre rendus préférés de l’iPhone sont préférés à ceux par défaut du Samsung et du Google, alors même que ces derniers sont autant ou plus lumineux que ceux de l’iPhone […] sur les visages, ce qui devrait avoir un impact positif sur la préférence au vu de nos dernières études plus larges”, poursuit Pierre-Yves Maître.
Bien que de nombreux utilisateurs aient préféré les rendus de l’iPhone, aucun n’a fait l’unanimité. “Des rendus proposés, deux (Or et Ambre) sont moins préférés au global, mais c’est très variable selon les personnes et les scènes.” De quoi écarter ces rendus ? Pas du tout. Cela dépend évidemment de la couleur de peau et des sous-tons ! “Pour au moins deux modèles à la peau claire (fair en anglais), ces rendus sont plus appréciés, ce qui justifie en soi leur existence”, fait remarquer Pierre-Yves Maître.
Cette variété des goûts et des préférences fait qu’“il n’y a pas de mode qui semble être significativement meilleur que le mode par défaut. Celui-ci semble encore correspondre de nombreux utilisateurs.” Aucun risque donc de voir Apple arrêter de peaufiner son mode par défaut, qui reste le plus utilisé par le plus grand nombre. Comme le note P.-Y. Maître, “c’est certainement le point intéressant de cette fonctionnalité : Apple n’impose rien, mais propose à chaque utilisateur de définir son rendu, son style sans dégrader la qualité globale.”
Une approche qui va le bon sens, mais encore avec des limites
Bien sûr, ces avancés ont également des contraintes, notamment l’utilisation du HEIF, seul format permettant de changer/rétablir les rendus a posteriori. L’étude montre également que le réglage TrueTone de l’écran influe sur la perception. Les tirages papier risquent de ne pas avoir le même rendu que sur votre écran et “il est donc important que le réglage soit modifiable”, notent les équipes de DXOMark.
Un des gros points à travailler pour Apple concerne les clichés réunissant plusieurs humains. “Pour les photos de groupe, on observe presque systématiquement que les modèles présents dans une même scène ont des préférences différentes à la fonctionnalité […] Avoir des rendus différents par tons chair sur les différents visages pourrait être une piste d’évolution pour Apple, mais il fait gérer l’impact sur l’image globale pour éviter des rendus peu naturels.”
Finalement, il convient de rappeler que la fonction de personnalisation des sous-tons de peau modifie la colorimétrie globale de l’image, pas uniquement les tons chair, comme le détecte l’analyste de la cartographie 2D des tons (tone mapping). L’ingénieur de DXOMark note que cette dérive globale “peut s’expliquer pour maintenir la consistance des images. On ne peut pas appliquer de forts changements sur le rendu des tons chair sans adapter le contenu de l’image sans risque de créer un rendu artificiel. Maintenant, il y a peut-être une marge de manœuvre”, estime le spécialiste. Ce dernier conclut que, au vu des résultats, “la fonctionnalité semble répondre partiellement aux cas de rejet vu dans les Insights France/Inde et Chine. Cette approche de personnalisation va clairement dans le bon sens.”