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Lumix S1RII : Panasonic se lâche sur la vidéo 8K pour séduire les créateurs
Il aura fallu six ans à Panasonic pour accoucher d’un successeur à son premier hybride à capteur plein format, le Lumix S1R (avril 2019). Les fans des boîtiers 24×36 mm de Pana se réjouissent donc de l’annonce ce jour du Lumix S1R II, le grand frère du S1 II qui profite d’un capteur quasiment deux fois plus riche en pixels.
Le “presque” est ici intéressant : alors que les S1, S5 et S5 II affichent tous 24 Mpix, le S1R II ne reprend pas la définition de 47 Mpix de son prédécesseur et profite d’un tout nouveau capteur de 44,3 Mpix. Si le nouveau design électronique de ce composant entraîne une perte de définition sans réel impact sur la qualité photo, il apporte de l’autre côté une arme importante : la vidéo 8K.
Les créateurs vidéo en ligne de mire
Le nouveau capteur de 44,3 Mpix est, comme depuis la génération S5 II, équipé de la détection de phase. Et il conserve le mode multishot haute définition du S1R, culminant désormais à 177 Mpix. Si on ajoute à cela une stabilisation jusqu’à 8 vitesses, une rafale à 10 i/s en obturateur mécanique et allant jusqu’à 40 i/s en obturateur électronique (avec les algorithmes IA pour assurer le suivi des sujets), ou encore le préenregistrement de rafale de 1,5s avant déclenchement, on obtient une partition photo sérieuse. Mais le S1R II est surtout optimisé pour les usages vidéo : il s’agit du premier boîtier 24×36 mm de Panasonic à être capable d’enregistrer des flux vidéo 8K.
Au lancement, le boîtier permettra déjà de filmer en 8K30p, en 6,4K open-gate (plein capteur aui ratio 3/2) ou encore en 4K120p. On retrouve même de la 5,8K Apple ProRes RAW HQ en interne (sur carte CF Express B). Une fiche technique déjà impressionnante sur le papier, mais qui s’améliorera via une mise à jour future du firmware. Panasonic promet en effet non seulement de la 7,2K, mais aussi de la 8,1K en open-gate, c’est-à-dire plein capteur.
Panasonic entend donc ici reprendre un peu de sa superbe dans son domaine de prédilection de la vidéo. Et profitera, comme nous le verrons plus loin, d’un atout applicatif.
Des fondamentaux S1/S5 conservés
Une des différences majeures à l’usage photographique que la ligne S1 affiche par rapport à la gamme S5 tient dans le viseur. Ce Lumix S1R II conserve la même définition d’image des S1/S1R première génération, à savoir une dalle OLED de 5,76 Mpix (1600 x 1200 pixels), contre seulement 3,76 Mpix pour les S5. En 2019, Panasonic était le premier à proposer une telle définition d’image à la visée, ce qui avait marqué les esprits.
SDXC UHS-II et CF Express B sont au menu, ainsi que la compatibilité d’enregistrement directement sur disque SSD via la prise USB 3.2 au format USB C. A cela s’ajoutent une prise HDMI plein format (A), une entrée microphone et une prise casque toutes les deux au standard Jack 3,5 mm. © Panasonic
Panasonic n’a pas communiqué quant au changement de composant, mais espérons que six ans après le lancement du premier S1/S1R, la marque a pu intégrer une dalle plus moderne qui ne réduise pas la définition d’image au moment de la mise au point.
Côté résistante, les S1/S1R étaient construits comme des tanks, mais s’avéraient très lourds. Le S1R II est donc à la croisée des chemins entre ses aïeuls directs et les S5 : son gabarit est identique au S5 II, mais il est garni de joints d’étanchéités et profite de renforcements uniques, comme un nouvel obturateur mécanique en fibre de carbone.
En matière de prise en main, Panasonic a repris l’essentiel des améliorations apportées par les boîtiers de seconde génération (S5 II et S5IIx), mais ajouté deux bagues de sélection sous les deux molettes principales. Le trio de boutons WB/ISO/+- près du déclencheur est conservé, de même que la disposition générale des boutons à l’arrière. Panasonic n’a plus à découvrir, la marque peaufine.
Super connecté
Profitant de son ADN vidéo, acquis dans les caméras broadcast autant que dans ses lignées d’hybrides GH, Panasonic a compris une chose : les performances c’est bien, l’écosystème c’est mieux.
À ce titre, le Lumix S1R II sera dès sa sortie compatible avec l’app mobile LUMIX Lab, pour pousser des LUTs directement du smartphone vers le boîtier – les LUTs sont des « recettes » de couleur. Il sera aussi entièrement pilotable en mode connecté sous le logiciel Capture One et entièrement compatible avec le service Frame.io d’Adobe.
Mais pour faire la différence en vidéo, il va s’appuyer sur une toute nouvelle application mobile de Panasonic appelée LUMIX Flow. Une app (à priori) gratuite et qui permettra de contrôler tout votre flux de travail (workflow) vidéo. Non seulement votre smartphone pourra servir d’écran de cadrage façon Atomos, mais en plus vous pourrez gérer les timecodes de vos boîtiers, effectuer une présélection des rushes ou encore afficher les storyboards de vos productions.
La double stabilisation optique + capteur est de la partie. © Panasonic
Comme on l’a vu avec notre prise en main deLUMIX Lab lors du test du Lumix S9, les nouvelles applications mobiles sont loin d’être anecdotiques. Comme la qualité et les performances des boîtiers des différentes marques sont toutes de très bon niveau, la différence peut se jouer dans les détails. Et faciliter le travail des créateurs et autres vidéastes est un gros détail qui peut leur faire gagner beaucoup de temps. Et vu le poids de l’économie de la production vidéo, le temps pèse désormais beaucoup d’argent pour ce public.
Prix et disponibilité
Le Lumix S1R II de Panasonic sera disponible dans le courant du mois de mars en deux versions :
- Lumix S1R II boîtier nu : 3 599 €
- Lumix S1R II + zoom Panasonic S 24-105mm f/4.0 Macro O.I.S.: 4 499 €
Et qui dit nouveau boîtier haut de gamme, dit nouveau grip : le DWM-BG2E sera disponible à 349 € pour ceux qui ont besoin d’un renfort pour la prise en main verticale.
Notre prise en main
Nous avons eu l’opportunité d’utiliser le nouvel hybride de Panasonic, le Lumix S1RII, pendant quelques heures afin de nous faire une première impression. D’emblée, nous avons été séduits par le gabarit un peu plus contenu que son prédécesseur, tout en conservant une prise en main franche et agréable. Moins volumineux et massif, le boîtier 24×36 se fait plus discret et plus maniable, ce qui n’est pas pour déplaire. Pour autant, la qualité de fabrication semble bien là et s’inscrit dans la continuité de ce que peut proposer le S1R, avec de nombreux joints d’étanchéité et un châssis en alliage de magnésium pour assurer légèreté et résistance. Petite déception toutefois : les différentes commandes ne sont pas rétroéclairées, ce qui aurait facilité les réglages dans la pénombre.
Le Panasonic Lumix S1R démonté dévoile une construction maîtrisée
Nouveauté attendue, le capteur est désormais protégé par l’obturateur au moment des changements d’objectifs. Attention, cette option n’est pas activée par défaut et il vous faudra explorer les menus à la recherche de la précieuse fonctionnalité.
44 millions de pixels pour vous servir
Cet obturateur protège un tout nouveau capteur de 44,3 millions de pixels (rétroéclairé et sans filtre passe-bas) qui propose deux ISO natifs à 80 et 51 200 ISO. Celui-ci est bien sûr accompagné d’un processeur de traitement des données issues de la coalition L2 (prononcé L square), qui permet à la fois de traiter un grand flux de données et de gérer le bruit électronique. L’écran monté sur une double rotule est également très agréable à utiliser, aussi bien en photo qu’en vidéo. Ce système combine le meilleur des deux mondes, et ce n’est pas pour déplaire.
Dans nos premiers essais en basse lumière, nous avons noté un bruit électronique assez bien contenu, comme vous pouvez le constater sur les clichés ci-dessous à 10 000 ISO et 3 200 ISO. Gardez à l’esprit qu’il s’agit d’un boîtier doté d’un firmware non définitif. Il est également important de savoir que le capteur propose deux ISO natifs à 80 et 51 200 ISO.
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La possibilité d’empiler plusieurs images afin d’améliorer la définition des images est désormais une fonctionnalité classique, mais elle reste toujours intéressante, notamment avec un passage de 44 à 177 Mpx. Pas mal. On regrette que Panasonic ne propose pas en supplément un mode pour augmenter la définition avec son intelligence artificielle.
Différence de définition entre une image de 44 et 177 Mpx. © Les Numériques
Le S1RII dispose également de nombreux rendus colorimétriques, et nous avons particulièrement apprécié la palette de dégradés du noir & blanc Leica.
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Les 44 millions de pixels permettent également de capter avec précision des scènes complexes. En outre, il est possible de multiplier la définition des images en utilisant une combinaison d’images qui permet d’obtenir des clichés en 177 Mpx. Notez qu’il est possible d’utiliser ce mode à main levée, selon les conditions lumineuses.
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La dynamique du capteur semble également intéressante, et il est possible de récupérer des informations dans les hautes et basses lumières au moment du développement du fichier brut.
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Autofocus à éprouver encore
La mise au point est confiée à un système hybride à corrélation de phase sur le capteur et à détection de contraste. L’intelligence artificielle est bien sûr de mise, avec une aide à la reconnaissance des sujets, facilitant ainsi le suivi. Un point important quand on sait que le S1RII est capable d’aligner 40 images par seconde.
Sur le terrain, l’autofocus se montre plaisant et assez réactif, mais il semble toutefois un peu en retrait par rapport aux ténors du moment, comme le plus onéreux Canon EOS R5II ou le Nikon Z6 III. Là encore, il faudra attendre les tests en labo pour confirmer notre première impression.
Vidéo open gate, un plus pour le social media
Petite nouveauté d’importance : le S1RII dispose, enfin, d’un levier pour basculer d’un mode photo à vidéo tout en conservant des réglages selon le mode utilisé. Côté vidéo, le boîtier est à l’image de ce que propose Panasonic régulièrement : une fiche technique longue comme un jour sans pain, avec pléthore de réglages qui devraient ravir les vidéastes les plus exigeants.
On retiendra notamment l’enregistrement 8K en 10 bits 30p, mais aussi l’enregistrement interne en 5.8K Apple ProRes RAW HQ / ProRes RAW sur une carte CFexpress Type B.
Enfin, vous retrouverez l’enregistrement en open gate, qui permet d’utiliser tout le capteur 24×36 pour capter la vidéo. Ainsi, il sera possible de recadrer les clips en fonction des besoins en postproduction. Plusieurs marqueurs de ratio sont d’ailleurs disponibles pour capter à la fois en 16/9e et en 9/16e. Pour des productions destinées aux réseaux sociaux, le gain de temps peut être intéressant. À l’heure de notre essai, la définition enregistrée est de 6,4K 30p, mais Panasonic nous assure qu’une mise à jour sera disponible en 2025 (gratuitement) pour enregistrer en 8,1K et 7,2K, toujours en open gate.